Y a des chapeaux de paille
Des ombrelles pâles
Y a des robes d’été
Y a les mères en affaire
Et les mômes qui braillent
Et les pères agacés
Y a la vieille qui demande
Encore un rab de viande
Et puis son café
Et toutes les blouses blanches
Pour qui c’est jamais dimanche
Jamais l’été
Y a la radio qui bave encore
La voix d’un malade
Qui dit « On va gagner »
Et des cris de plaisir
Des bravos sonores pour
Le gâteau qu’on vient d’apporter
Elles ont toutes le sourire
Des perles au poignet
Ils ont tous les dents blanches
Tous étudié
Ça chante et ça danse
Personne ne sait qu’en bas
Le pire est arrivé
En bas, y a plus que de la flotte
Et des gens qui barbotent
Et des habits trempés
Et ces mains qui s’accrochent
Aux choses lourdes et mortes
Qui vont bientôt couler
Quand le prêcheur s’avance
Aussitôt chacun pense
Lui, il va nous sauver
Il est tout blanc
Et tout ce qu’il pense
C’est qu’il sait pas nager
En haut, dans le fumoir
Sur le teck des armoires
Les verres ont juste tinté
Y a le bruit des affaires
Et les belles manières
Et puis on est assurés
Y a le bruit des machines
Et l’orchestre imagine
Qu’on va continuer
Alors il remet ça
Avec cet air d’autrefois
Qui nous faisait danser
En bas on se bat
Pour un morceau de bois
Pour tout ce qui pourrait flotter
On pleure, on se cogne
A toutes les portes
Et tout est verrouillé
En bas on comprend
Le fin fond du plan
Même sans avoir étudié
On est des milliers
Il y a quelques canots
Et ils sont réservés
Y a des chapeaux de paille
Des ombrelles pâles
Y a des robes d’été
Sur le marbre des tables
Les verres à champagne
Commencent à glisser